CHAPITRE 4 : 1970 - ... LES ANNEES DE RENOM


La venue des années septante annonce un changement des mentalités. La bande dessinée qui fut longtemps considérée comme un art mineur, n'échappe pas à ces transformations. Elle commence à être prise un peu plus au sérieux et à sortir de l'ombre. On se met à écrire et à disserter sur ces bandes et sur ceux qui les dessinent.
Ainsi, dans le fanzine Rantanplan numéro 8/9 du mois de janvier 1968, un dossier complet est consacré à Maurice Tillieux et à sa carrière déjà bien fournie. C'est la première fois qu'une étude de ce type est réalisée sur cet auteur. Outre son personnage le plus connu, Gil Jourdan, on redécouvre ses productions antérieurs, surtout celles relatives à Héroic-Albums.
Maurice Tillieux est enfin jugé comme un auteur de talent confirmé, ayant derrière lui un solide "background". Désormais, il peut raisonnablement tenir sa place au rang des classiques.

Les scénarii prenant de plus en plus de son temps, Maurice Tillieux s'est vu, au cours de ces derniers temps, contraint de laisser quelque peu de coté le dessin. En 1970, il confie même la réalisation graphique de Gil Jourdan au dessinateur Gos. La série peut dès lors reprendre un rythme de parution plus ou moins régulier. Quatre grandes histoires verront le jour. La qualité est présente, surtout dans le premier récit, mais on a du mal parfois à reconnaître l'univers planté par Maurice Tillieux au milieu des années cinquante.

A signaler également ces quelques courts récits mettant en scène Gil Jourdan:


Après des débuts prometteurs dans l'équipe de Jijé, Will reprend fin des années quarante la série Tif et Tondu des mains de Fernand Dineur qui l'avait créée en 1938 pour le tout nouveau journal de Spirou. Rosy en est le scénariste jusqu'en 1968, date à laquelle il passe le flambeau à Maurice Tillieux qui écrira une douzaine d'histoires. Le série "Tif et Tondu" est à cet égard intéressante car elle permet d'aborder plusieurs genres à la fois; et Maurice Tillieux, en combinant l'aventure au fantastique et à l'intrigue policière ne va pas s'en priver.
Cela nous donne des récits pour la plupart merveilleusement bien construits et dotés d'un suspense savamment dosé. "L'Ombre sans Corps", "Le Roc Maudit", "Sorti des Abîmes","Tif et Tondu à New-York" et "Aventure Birmane" se révèlent être des petits modèles d'ingéniosité.


Dans un registre beaucoup plus réaliste, Maurice Tillieux, secondé par le dessinateur Arthur Piroton, donna également naissance à l'agent spécial du F.B.I. Jess Long. Accompagné de son collègue au tempérament râleur Slim Sullivan, Jess voyage d'un Etat à l'autre, d'une agence du F.B.I. à l'autre, afin de tenter de résoudre les situations de crise et les énigmes qui parsèment sa route.
Les idées que Maurice Tillieux utilisait pour ce personnage provenaient au contraire à coup sûr d'articles lus dans les rubriques "Faits divers" et c'est pour cela que le ton semble tellement anecdotique et qu'il émane de cette série une bonne dose de réalisme. Maurice Tillieux utilise une écriture simple, concise et efficace, qui va droit à l'essentiel. C'est cette écriture qui, malgré un semblant de froideur, rend les personnages et l'univers de Jess Long si attachants et si proches de ce que le monde est réellement.


Dans le même temps, Maurice Tillieux adaptera pour la série Natacha mais en les renouvellant de façon exemplaire des anciens récits de Félix parus dans Héroic-Albums. Trois épisodes signés Walthéry et Tillieux verront ainsi le jour. Le premier et le deuxième sont tout à fait remarquables. L'album "L'Ange Blond", quant à lui, connut une destinée particulière. Ecrit peu avant le décès de son auteur, le manuscrit restera plus de 10 ans au fin fond des tiroirs de François Walthéry. L'album sortira finalement en 1994 soit quelque seize ans aprè la disparition de Maurice Tillieux.